Quelques jours passèrent jusqu’au soir où le soi-disant corse posa sa besace dans ma chambre. Un énorme sac de marin de couleur kaki, volumineux et lourd. L’homme transpirait, visiblement exténué, sans doute par la charge de son bagage. Grand, brun, de larges épaules, une gueule bronzée, ravinée par le soleil, ou se mêlaient rides et cicatrices et une
voix tonitruante à l’accent méridional. Son premier geste fut de s’allonger tout habillé juste après avoir allumé la télé. Sur la chaine « trois » : l’heure des infos régionales et le journaliste présentateur à l’écran, déclinait, imperturbable, les faits divers du jour.
chapitre III
Un long moment passa, Moscarelli éteignit la télé, se leva, arpentant la pièce de long en large. Nerveux, se frottant les mains sans arrêt, il marqua une pause devant la fenêtre, son regard perdu au loin en direction de la porte d’entrée.
J’entendis son souffle court et rapide, brisant le silence, puis se racla la gorge deux ou trois fois, leva les yeux au plafond, les mains sur ses hanches.
Reprenant son cheminement à pas rapides autour du lit, l’oeil aux aguets, s’immobilisant parfois pour écouter d’autres bruits, feutrés, discrets, lointains. Sans doute cherchant à
apprivoiser cet environnement qu’il découvrait petit à petit. Le bruissement des feuillages des arbres du jardin, le grincement d’une porte quelque part à l’intérieur de la maison, le craquement du parquet sous ses pas ; ces sons l’inquiétaient. Il marqua une pause,